Monsieur THIERS est mort ! Telle est la parole qui depuis hier remplit tous les cœurs français d’une douloureuse et patriotique émotion. La France vient de perdre le plus illustre de ses citoyens, son libérateur, et la république Française, son premier président.
En présence d’un pareil malheur public, toute parole est inutile ; notre douleur est immense et si nous sommes réunis ici, Nous, représentants de la ville d’Aix, ce n’est pas pour faire l’éloge d’un homme que son génie met au-
Et maintenant, permettez-
les villages de France, pour montrer aux générations futures que la France sait rendre justice aux citoyens qui ont bien mérité de la Patrie.
Les nations s’honorent elles-
Monsieur THIERS a fait ses études à Aix, il y a passé une partie de sa jeunesse, il a été le plus illustre de nos représentants, la ville d’Aix honorera et pleurera avec la France entière le simple citoyen à qui la postérité dans son impartiale justice donnera le nom de Grand.
A la suite de cet exposé, Monsieur Baret propose au Conseil de nommer une commission chargée de rédiger un projet d’adresse à Madame THIERS.
Le Conseil désigne Messieurs Thourel, Bouteille et Chabrier.
La séance demeure suspendue et la commission se réunit immédiatement.
A la reprise de la séance, M. Thourel rapporteur donne lecture du projet suivant :
Madame,
En enlevant, dans la personne de Mr THIERS, à notre République, à l’Europe, à l’univers, le génie le plus complet, le plus indépendant, le plus sympathique, le plus humain de ce temps, la mort nous a soumise à une terrible épreuve.
Les membres du Conseil Municipal d’Aix, ses compatriotes, ses amis, ses admirateurs, obéissent à un besoin irrésistible de leur cœur, en vous adressant le témoignage unanime de la part qu’ils prennent à votre profonde douleur.
Ils savent tous combien, par votre infatigable dévouement, vos soins ingénieux et votre amour, vous avez su, pendant la longue et belle existence de votre illustre époux, si patriotiquement occupé, si glorieusement tourmentée, lui procurer ce calme intérieur, ce bonheur domestique, précieux aux Grands Hommes en ce qu’il leur laisse la liberté nécessaire au développement et à la manifestation de leurs puissantes facultés.
Il le faut, Madame ! Faites appel à votre énergie habituelle, à votre empire sur vous-
Vous en trouverez une plus grande encore dans le resplendissement de cette couronne de Gloire contemporaine et immortelle qui rayonne déjà sur son front.
Soyez en certaine, Madame, en retraçant l’œuvre immense et admirable de sa vie, l’histoire ne saurait manquer d’associer à son nom, celui de la digne et vertueuse compagne qui prit une si large part à son bonheur.